VÉRITÉ, RESPONSABILITÉ ET MÉMOIRE

Mes chers compatriotes,

Depuis quelque temps, nous assistons à des sorties médiatiques répétées d’une personnalité bien connue de la scène nationale, Dame Marguerite Essossimna GNAKADÉ. Hier encore, le 28 juillet, elle est revenue à la charge, s’attaquant cette fois à la gestion économique de notre pays durant les deux dernières décennies. Elle parle, elle accuse, elle dénonce, mais elle oublie.
Elle oublie qu’elle fut actrice de ce qu’elle condamne aujourd’hui. Pendant plus de deux décennies, elle a siégé aux premières loges du pouvoir, a exercé des fonctions de premier plan, notamment à la tête d’une banque et du ministère des armées. Elle a eu accès à des moyens, des responsabilités, et une marge d’action réelle. Pourtant, elle ne rend jamais compte de sa propre gestion. Elle préfère s’ériger en procureur d’un système dont elle fut pourtant une bénéficiaire silencieuse et complice.
Quand elle appelle aujourd’hui à renverser le régime, ou hier, la « grande muette » à se mutiner, ce n’est pas une révolution morale, c’est une amnésie volontaire. Ce n’est pas de la sincérité, c’est du cynisme. Elle veut être jugée comme une victime, mais oublie qu’elle fut aussi, et surtout, une actrice. Victime ou coupable ? Le temps nous le dira.
Nous aurions apprécié qu’elle fasse preuve d’humilité. Qu’elle nous parle des fonds publics qu’elle a gérés, du niveau réel de son implication, des résultats qu’elle a obtenus, au lieu de vouloir faire oublier un passé qu’elle a co-construit. Il est facile de jeter l’opprobre sur autrui. Il est plus noble de commencer par faire sa propre introspection. Car, oui, la charité bien ordonnée commence par soi-même. Le peuple togolais n’est pas dupe. Il entend les voix, mais il observe aussi les silences. Il aurait été intéressant de crier en étant à l’intérieur et de claquer la porte. Ce n’est pas en étant débarquée que l’on va venir sur la place publique pour dénoncer des pratiques jugées opaques. Et évidemment, face aux envolées sans suite de celle qui s’agite aujourd’hui, c’est le silence du peuple qui est le plus éloquent. Il n’est ni indifférent ni amnésique. Il attend la vérité, toute la vérité. Et la vérité ne crie pas. Elle se constate.

TAL Alassani

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