Mes chers compatriotes,
Le moment est grave. L’heure appelle à la lucidité. À force de détourner les missions nobles de la presse, certains médias au Togo sont en train de franchir une ligne rouge, dangereuse, irréversible.
Il ne s’agit plus d’informer. Il ne s’agit plus de débattre. Il s’agit désormais, dans certaines radios, d’intoxiquer, d’endoctriner, d’enflammer. Le pluralisme médiatique, garant de la démocratie, cède peu à peu la place à une pensée unique alimentée par la rage, l’amertume et le militantisme déséquilibré.
Les faits sont là : certains médias, se réclamant « indépendants », n’ouvrent leurs micros qu’à un seul camp, souvent celui de l’opposition la plus radicale. Ils écartent la contradiction. Ils refusent le débat équitable. Ils nourrissent des récits à charge, soigneusement construits pour diviser, pour semer la peur, pour attiser les frustrations. Ces radios-là n’informent plus, elles manipulent. Elles n’éveillent pas les consciences, elles les conditionnent. Elles ne construisent pas le vivre-ensemble, elles le minent. Et si l’on n’y prend garde, elles pourraient bien devenir les échos d’une dérive semblable à celle qu’a connue tristement la « radio des mille collines » au Rwanda.
Le Togo ne doit pas suivre ce chemin. Le Togo ne doit pas importer la haine par les ondes. C’est pourquoi nous en appelons solennellement à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). L’heure n’est plus à la complaisance. L’heure est à la régulation ferme, équilibrée et courageuse. Il ne s’agit pas de museler les médias, non. Il s’agit de protéger la République contre l’anarchie verbale, l’intoxication sociale et la violence rhétorique.
La liberté d’expression n’est pas une licence pour détruire. Chaque Togolais a le droit d’être informé loyalement, d’entendre tous les points de vue, et de se forger une opinion éclairée. Le monopole de la parole radicale ne saurait être toléré au nom de l’indépendance médiatique.
Aujourd’hui, nous lançons un appel à la conscience collective : aux journalistes, aux animateurs, aux responsables de rédaction, aux propriétaires de radios. Mais aussi aux citoyens eux-mêmes. Car chaque mot incendiaire, chaque mensonge amplifié, chaque débat truqué est une étincelle de trop dans un climat qui exige de l’apaisement, du respect et de la retenue.
Le Togo est notre bien commun. Sa paix est notre trésor. Sa cohésion vaut plus que tous les micros du monde.
TAL Alassani
